Un enfant de troisième culture (TCK/3CK) ou enfant trans-culturel est "quelqu'un qui, pendant son enfance, a consacré une longue période de sa vie dans une ou plusieures cultures autres que sa propre, intégrant ainsi certains éléments de ces cultures avec celle sa naissance créant une troisième culture."

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dimanche 29 mai 2011

Une invitée spéciale

Vivre loin de la famille pendant une période prolongée, peut être un des aspects les plus difficiles de la vie à l’étranger. Brian et moi avons manqué avoir un rapport de façon régulière avec nos grands-parents, nos oncles,  nos tantes et nos cousins. Ce sont des relations spéciales dont nous avons pu établir une fois que nous étions plus grands et capables de communiquer à un niveau plus approndi. Dans une année courante, il y a environ cinquante deux semaines et généralement deux semaines par an étaient consacrées à visiter la famille de mon père ainsi que celle de ma mère. Le reste du temps, nous étions obligés de rester dans le pays d’affectation. Les voyages internationaux étaient considérablement plus coûteux qu’à présent (certaines personnes diront que les prix sont toujours très élevés) et la disponibilité du crédit n’était pas aussi répandue qu’elle est maintenant, c’est la raison pour laquelle les voyages en avion étaient une expérience peu abordable. Nos visites à notre famille étaient importantes car personne semblait avoir la possibilité de venir nous voir. Il y avait cependant une exception: ma mémé. Elle était ma grand-mère maternelle, elle était veuve depuis 1984. Elle aimait voyager, surtout pour aller voir ses petits-enfants étrangers, Brian et moi. Elle n’a pas pu nous voir autant qu’elle aurait aimé à cause de nos mutations à tous les trois ans pour aller d’un pays à l’autre. C’était toujours la grande joie quand elle venait nous voir, d’habitude elle restait chez nous plusieurs mois, et pourtant il ne semblait pas être assez. Elle était le genre d’invitée dont on a jamais envie qu’elle reparte. Elle est venue passer du temps chez nous à Caracas lors de notre affectation, mais je me souviens mieux de son voyage à Santiago. Je dois dire que l’avoir eu dans notre vie a été une grande bénédiction.
Brian, Maman et Moi avec Mémé au Cajon del Maipo

Nous avons emmené mémé dans plusieurs endroits où nous avions déjà été nous promener, et  même visiter d’autres endroits très intéressants dans la capitale de la nation et d’autres en dehors de la ville dont nous connaissions déjà à la perfection comme Farrellones, Santa Teresa de los Andes, Valparaiso et le calme paradis que nous connaissions comme Reñaca.  La plupart du temps qu’elle a passé parmi nous c’était dans la grande fumée. Nous avons poursuivi notre routine quotidienne en faisant quelques ajustements pour rendre la visite de notre invitee spéciale agréable au maximum. Pendant que nous étions à l’école, elle passait du temps avec sa fille (ma maman), car elle ne la voyait pas régulièrement depuis qu’elle a épousé mon père, pour commencer une vie passionnante comme épouse d’un diplomate. La famille de ma mère avait été toujours très proche et le fait de revoir sa maman était un excellent moyen pour se ressourcer. Il y a toujours quelque chose de spécial lorsqu’on a cette relation avec la famille, comblée d’un sentiment réconfortant juste en ayant la personne à côté de soi. Cela fait une grande différence. Le soir, dès que Brian et moi rentrions chez nous après l’école, nous allions en courant la chercher et utilisions n’importe quelle excuse pour être près d’elle.  Nous nous assoyions à côté d’elle pour bavarder, nous apportions nos jouets pour jouer près d’elle ou bien pour faire nos devoirs en sa compagnie. Elle a été un grand appui et grâce à elle j’ai appris les tables de multiplications à la vitesse de la lumière. Tout à coup, j’ai été capable de multiplier mentalement sans l’aide d’une calculatrice à partir des terribles deux fois deux jusqu’à douze fois douze. Elle m’a aidé à apprendre par cœur les poesies que je devais apprendre pour l’école et nous encourageait toujours car elle savait qu’il n’y avait rien d’impossible pour ses petits-enfants. Une chose qu’elle répétait souvent et qui est toujours restée dans ma tête était: “Juste ce qui sont bêtes ont des problèmes”. Il est devenu un de mes nombreux ditons jusqu’à date.
 
Mon père avait acheté une très belle guitare faite à la main dans un coffre en cuir très artistique lors d’un de ses nombreux voyages au Paraguay et ce fut l’opportunité parfaite pour l’offrir à mémé. Mon pépé avait sa propre guitare classique et la jouait très bien, mais depuis son décès, ma grand-mère commença à apprendre à jouer la guitare toute seule. Elle était une musicienne extraordinaire, je suis sûr que si elle avait plus de temps libre pendant sa jeunesse, elle aurait dévoué plus de temps à ce passe-temps. Selon ce que ma maman et sa sœur, ma tante Annie, ont toujours constaté, est qu’elle s’est toujours occupée de sa famille et semblait être capable de tout faire sans problèmes. Les deux, ma maman et ma tante Annie, ont hérité cette surprenante capacité et je veux penser que ses petits-enfants aussi. Nous avions un piano chez nous, Brian et moi avions entrepris ce passé-temps, mémé aimait jouer une chanson, j’ai appris plus tard qu’elle est de Xavier Cugat, il me semble qu’elle s’appelait «Cocktail Para Dos». Elle avait l’ouïe pour la musique, ma maman m’a raconté que ma grand-mère n’avait jamais pris de leçons. Elle avait l’ouïe pour la musique. Mes parents encourageaient ses ambitions musicales et avaient fait appel à un maître pour l’aider à poursuivre le plaisir de jouer la guitare espagnole. Elle a commencé à apprendre quelques notes (lesquelles elle m’a appris plus tard lorsque j’ai acheté ma propre guitare quand j’étais adolescent) et des chansons chiliennes folkloriques classiques comme «El Chilote Marino» et «La Petaquita». Brian et moi allions la rejoindre pendant ces leçons pour la voir jouer la guitare et chanter ensemble les nouvelles chansons.

Las Condes, était un quartier résidentiel, la plupart des immeubles étaient des maisons privées. Je ne suis pas revenu depuis, mais on dirait que l’endroit où notre maison était située à Apoquindo est devenu un quartier de grands bâtiments résidentiels (selon des photos récentes). Ce quartier était sûr et excellent pour se promener à pied le soir. Il y avait de bons endroits pour faire du shopping comme Centro Comercial Caracol, Toyland et Apoquindo. En peu de temps, mémé se sentit confortable avec cette partie du monde, appelée «la nôtre» car elle nous accompagnait toujours dans tous nos parcours et promenades. Elle venait avec nous le dimanche matin pour aller à la messe en marchant, une église qui se trouvait au rond-point, bien soigné et nommé La Capitanía. Parfois mon frère et moi nous échappions après la communion pour aller rejoindre les enfants du quartier qui jouaient au foot dans le parc. Nous pensions que nous étions si intelligents, hélàs! Nous nous faisions attraper à chaque week-end. Quand nous allions nous promener à pied avec mémé, nous étions toujours prêts pour prendre un gelato ou un dessert à base d’eau dans un endroit appelé Pavarotti, il était notre préféré, elle s’en souvenait toujours avec beaucoup de plaisir. Elle aimait aussi aller au Parque Los Dominicos. Qui faisait honneur à son nom, il y avait un parc en demi-lune et jusqu’au fond il y avait un petit village d’artisanat. Quelques boutiques où l’on vendait des antiquités, mais notre point d’intérêt était le vendeur de timbres postaux et de piéces de monnaie pour les collectionneurs. Cet endroit avait acceuilli dans le passé, des prêtres et des moines, de l’Ordre de St. Dominique. N’importe où nous allions nous promener avec elle,  crééait de nouveaux et chers souvenirs innoubliables, même après avoir quitté le Chili. 

Mémé et sa guitarre du Paraguay

Brian et moi, étions déjà habitués à avoir notre grand-mère près de nous. Elle faisait partie de notre vie quotidienne: lorsqu’on prenait une marche, en arrivant de l’école, pour aller au cinéma, pour aller dîner quelque part, et tout le reste. La vie nous jouait un nouveau tour après avoir passé plusieurs mois dans une bulle toute la famille quand, sans nous rendre compte, nous étions tous les cinq dans notre Citroën en allant de retour vers l’Aéroport international Arturo Merino Benitez. Elle rentrait chez elle. Ce fut toujours un moment difficile à chaque fois. Comme enfant, il me semblait qu’il fallait toujours attendre une éternité jusqu’à la prochaine fois que je la reverrais. Les semaines semblaient des années. Son rire toujours gai allait nous manquer, sa bonne compagnie et sa guitare. Notre petite routine habituelle revenait sur place et notre communication avec notre Mémé se limiterait de nouveau au courier par la poste, lent comme une tortue.  Nous attendions dans l’aérogare à la terminale de départs – à l’époque il y avait une salle où les personnes pouvaient s’asseoir pour voir leur famille décoller – pour être sûrs que son vol était parti sans inconvénient et juste au cas où il y aurait un contretemps. Je me rappelle que je souhaitais à chaque fois que son vol ne parte pas, qu’il soit annulé ou bien en retard, afin d’avoir cinq minutes de plus avec elle. Nous voyions son avion taxi et le décollage avec des larmes dans les yeux et une certaine solitude nous envahissait lorsque nous voyions son départ. Tout le monde, nous étions de retour à nos tâches respectives comme si sa visite n’avait jamais eu lieu et que ce n’était qu’un long beau rêve. Nous devions faire face à la réalité et continuer à vivre comme les «Fabuleux Quatre».