Un enfant de troisième culture (TCK/3CK) ou enfant trans-culturel est "quelqu'un qui, pendant son enfance, a consacré une longue période de sa vie dans une ou plusieures cultures autres que sa propre, intégrant ainsi certains éléments de ces cultures avec celle sa naissance créant une troisième culture."

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dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël et à toujours 2011


Nous approchons la fin de 2011 et quelle année! Pour ma part, elle a été vraiment passionnante, mais comme pour tout le monde, le cronomètre marquera la conclusion en laissant des choses inachevées. Le mot «remords» m’apporte toujours des souvenirs d’une des personnes plus sages qui a influé ma vie: Grandad  (mon grand-père Bickford). Lors de ses dernières années parmi nous, il a été condamné injustement en raison d’une série d’hémorragies cérébrales, qui l’ont amené à rester dans une maison de repos portant le nom de Rideaucrest -  un des moments des plus difficiles dans ma vie – ce fut lors d’une courte période de lucidité quand il m’a dit: «Will, «Es-tu content dans ta vie? Profite bien et assure-toi de ne jamais avoir de remords du passée parce qu’on ne peut plus rien changer.» Ces phrases textuelles sont devenues un slogan pour moi, qui m’a toujours aidé à surmonter les étapes difficiles de la vie. Depuis qu’il a partagé cette sagesse avec moi, tout est devenu beaucoup facile pour établir mes objectifs à tous les ans et me sentir satisfait.

Les Bickfords en 2011

Comme vous le savez déjà et d’autres personnes l’imagine, après m’avoir suivi tout au long de mes anécdotes, sans importer où se trouvaient les Quatre Fantastiques, nous avons toujours aimé les traditions et être unis, surtout lorsqu’il s’agit des vacances de fin d’année. La Noël et le Jour de l’An représentaient des moments importants à investir dans notre relation (soit avec les parents, les frères ou bien, à présent, la version plus récente qui comprend les femmes des jeunes garçons Bickford) qui est un fondament essentiel pour la réussite dans la vie. On est capable de réussir dans tous les sens avec cette stabilité au foyer. L’expérience d’une troisième culture ou d’être transculturel a aidé à établir un réseau très ferme. Nous pouvons dire un genre de microculture sans parallèle, mais nous pouvons également nous adapter facilement à d’autres cultures, toujours avec un geste sensible et avec beaucoup de respect. Quand Brian et moi étions jeunes, nous étions toujours là pour décorer le sapin de Noël, «aider» Maman avec plaisir à préparer des biscuits de Noël et nous regardions Dad qui préparait la dinde farcie, de marque déposée,  accompagnée de canneberges, pommes de terre rôties, des carottes et des petits-pois. Après le grand repas de Noël, nous avions besoin d’une sieste suivie de films traditionnels comme «A Christmas Story» ou bien «National Lampoons Christmas Vacation.» Quand je n’ai pas pu passer les fêtes en certaines occasions avec ma famille (y compris ma soeur, Melissa, ou plutôt connue comme la femme de mon frère et ma petite princesse Emma) j’ai toujours gardé mes traditions. Ma chère et tendre épouse Ana a aussi appris certaines de nos habitudes, comme s’il s’agissait des siennes, et nous avons ajouté des ingrédients de sa culture afin d’ajouter une nouvelle tradition dont nous pourrons un jour la partager avec les prochaines générations de Colombo-canadiens. Souvent il est compliqué de trouver tous les ingrédients dans d’autres pays, mais lorsqu’on est déterminé et creatif, tout est possible.

Parmi nos traditions les plus importantes – ce dont je recommande aux personnes d’esprit ouvert envers d’autres habitudes – ce sont les cadeaux pour les bas/bottes de Noël (ces garnitures qui ressemblent à des bas qui pendent de la cheminée). Nous avons l’habitude de faire des courses à cet égard, ou bien offrir des petits cadeaux pour ce jour spécial juste pour faire rire la personne qui recevra le cadeau (avant première de Mr. T, un renne plastique  qui laisse en marchant des petits cadeaux ayant l’air au chocolat, des sacs pour les chiens, un Scooby Doo qui chante des chansons de Noël) ou bien des gourmandises que les gens aiment (chocolats, bonbons, biscuits). Il est vrai que ce sont de petits cadeaux mais offerts avec beaucoup d’affection et qui aident à égayer les fêtes, démontrant à la fois qu’il n’est pas nécessaire de faire faillite pour apporter du bonheur à quelqu’un. Après tout, il existe un refrain qui dit” «C’est le geste qui compte». Pour dire vrai, le meilleur cadeau que je peux avoir à cette époque de l’année est d’avoir les personnes que j’aime le plus près de moi. C’est un beau cadeau pour moi. Si, je suis dans l’impossibilité d’être parmi eux, il me suffit d’apprendre qu’ils sont heureux n’importe où ils y sont, et qu’ils profitent des fêtes. Lorsqu’on change de lieu, ceci devient plus compliqué, surtout en raison de l’hiver canadien, les vols sont souvent en retard et la circulation terrestre plus lente. Ici, à l’Ontario, nous avons été très rusés lorsqu’on a bâti l’une des plus longues autoroutes du corridor connu comme Montréal-Kingston-Toronto-Niagara, reconnue pour les terribles effets du lac, dont souvent causent des terribles tempêtes hivernales. Je n’ai pas de souvenirs d’avoir été sur cette autoroute sans être obligé de lutter contre la neige dans ce champ de bataille pendant le temps des fêtes de Noël. Nous appelons ce grand chef d’oeuvre, de la génie moderne, la 401, celle que j’ai déjà mentionné dans des entrées précédentes de mon blogue. Celui qui est vraiment un exemple de notre réalité dans la province de l’Ontario, tant à découvrir dépendant du climat.

La Noël n’a jamais été une période de l’année dont la famille pose une certaine valeur aux cadeaux en pensant: «Bon, Jean m’a offert quelque chose qui coûte 20$ alors, je lui offrirai quelque chose du même prix.» Pendant le temps que nous avons vécu en Amérique latine, nous avions l’habitude d’offrir des cadeaux, de la nourriture ou n’importe quelle autre chose utile aux personnes qui nous aidaient tout au long de l’année à naviguer jour à  jour. Dans certains pays, on parle de l’Enfant Jésus (ou bien comme dirait mon cher Ricky Bobby en Talledega Nights, «Baby Jesus») qui arrivait le 25 décembre, ce qui me semble une bonne façon de représenter le jour de congé. Notre cher et bien aimé Saint Nicolas est comme une vedette internationale représentant la commercialisation de la Noël qu’hipnotise les enfants priviligiés, hélàs le message de cette personne est très positif «C’est l’époque de donner». Il donne sans attendre à y recevoir. Quel grand exemple pour tous! Il existe des cadeaux matériels, lesquels nous échangeons les uns et les autres, mais en fait, le meilleur cadeau que nous pouvons offrir au monde est d’inciter à la pitié et la bonté sans rien attendre en revanche. C’est le meilleur moment pour penser à toutes les choses (et surtout aux personnes merveilleuses qui font partie de notre vie) et contempler le cadeau que nous pourrons offrir l’année suivante pour vivre un monde meilleur. Au lieu de s’installer dans le va et vient comblé d’adrénaline,  nous pourrions gérer notre temps pour accomplir notre tâche toujours avec un sourire. Avez-vous par hasard remarqué que lorsqu’on parle au téléphone avec un sourire, la voix a un ton moins sévère, Et c’est qui, qui n’aime pas les gens heureux? Tenir la porte (évidemment avec un sourire) pour la personne qui est juste derrière nous et même si elle ne dit pas merci, il faut répondre «De rien! ce qui peut les convertir aux normes de la communauté. Comme êtres humains, nous avons besoin de ce contact physique (aucun être humain est une île), alors arrêtons de nous comporter comme s’il s’agissait d’une gestion.

Ana et moi à Mont Tremblant, Québec

Au contraire des théories de la fin du monde (sûrement vous avez entendu parler ce que «les Mayas nous ont averti…», l’an 2012 nous offrira douze nouveaux mois pour atteindre nos objectifs et voir nos rêves devenir une réalité. Tout au plus, l’an 2013 arrivera, nous ne devons pas gaspiller le temps. Nous avons également une opportunité géniale pour réfléchir au bien-être commun des familles, de nos voisins, de notre communauté et de notre planète. Les Canadiens, à priori, sont reconnus pour leur travail communautaire, et souvent possédaient une certaine fierté d’être un bon voisin, quelque chose dont je suis certain serait à notre propre bénéfice. Auparavant, si l’on laissé tomber le porte-feuille plein d’argent dans la rue, il y avait quelqu’un qui nous préviendrait pour le récupérer. Si l’on s’était pas rendu compte, on pouvait revenir le lendemain sur ses pas et le retrouver là où on l’avait laissé tomber et on le retrouvait. L’équilibre complet. Ceci est possible avec un peu de fierté de la part notre propre communauté, un sens d’une obligation civique, le respect envers l’étranger, comme un frère ou une soeur, et être prêt à aider autri non seulement par la pensée ou la prière. Bon, je serai en train de contempler tout cela et je reviendrai le 15 janvier 2012, je vous souhaite à tous une bonne fin d’année et espère que vous continuerez à me suivre l’année prochaine dans mes prochains épisodes. J’espère aussi avoir le temps l’année prochaine d’écrire un roman ou un livre sur le sujet transculturel, ce qui a toujours était mon rêve, et continuer à partager un message positif utile pour tout le monde. En d’autres mots, un nouvel an avec de nouveaux objectifs.

Joyeux Noël et bonne année à tous!



Will

dimanche 18 décembre 2011

L’assaut – Surprise, surprise…


Chers lecteurs, cette semain je vous présente la partie 4 de 5 de l'article de David Bickford. Bonne lecture!

Fujimori fier de son système de tunels, Chavín de Huantar

Lors d’une des visites de Tony à la residence japonaise, le dirigeant des terroristes, Nestor Cerpa, l’interpela pour venir dans le salon et lui demanda de se baisser jusqu’au plancher pour écouter les bruits provenant du plancher. Au bout de quelques minutes, on écoutait des bruits comme si quelqu’un  au-dessous était en train de racler, et Cerpa déclara : «Ils sont en train de creuser des tunnels, n’est-ce pas?». Tony n’a pas répondu. Plus tard, une fois rendu à l’Ambassade, nous avons en discuté et nous avons vu cela comme un mauvais présage.

Rétrospectivement, il fut évident à ce moment que Fujimori était en train de persévérer avec un double approche: Si les terroristes décidaient de laisser tout tomber bon et aussi mauvais. S’ils ne le faisaient pas, il était prêt à envoyer l’armée même si son frère le plus jeune était parmi les otages. Pour lui, le rôle comme garants était de garder la situation  dans le calme à la résidence aussi longtemps que possible, afin de construire les tunnels qu’il voulait. En attendant, le MRTA se sentait rassuré avec la présence des garants. Ils se sentaient protégés, et en même ils étaient plus relax vis-à-vis la surveillance. Ce qui fut dangereux pour eux, ce fut le fait qu’ils tombèrent sur une routine ce qui a permit aux autorités péruviennes d’en profiter de cette opportunité.

Le 22 avril 1997, Tony rentra vers 13h30 après avoir été dans la résidence japonaise. Il déclara que la police aux alentours de la résidence était énervée, tendue et aggressive avec lui. Nous n’avons pas trop fait cas, mais à 15h20 l’assaut commença. Tony et Cipriani, Terada et un de ses agents se rassemblèrent autour de la télévision dans mon bureau à l’Ambassade et nous avons vu l’attaque se dérouler avec horreur. Les derniers coups de fusil ont eu lieu dans les prochaines vingt minutes, cependant l’armée ne déclara  la victoire que jusqu’à 16h00. Un sentiment d’échec nous envahissa subitement et avons pensé que nous avions travaillé hardiment pendant quatre mois pour rien. Nous étions convaincus que les otages en majorité avaient été tués, puisque l’assaut avait pris trop longtemps. Au fur et à mesure que nous avons commencé à recevoir des rapports, nous avons appris que la plupart des otages avaient survécu, ce fut un miracle pour nous. À la fin, parmi les soixante-douze otages, juste un est mort, bien que quatre furent blessés. Dans l’opération de sauvetage deux  commandos furent tués et dix sérieusement blessés. Tous les quatorze terroristes sont morts.

Les commandos de l'armée péruvienne en action 

Comment ont-ils accompli cela, s’il y avait des experts du monde entier qui avaient dit que cela n’était pas possible car on risquait de perdre un grand nombre d’otages? En secret, sans rien dire, l’armée péruvienne avait bâti une copie exacte de l’ambassade japonaise, de taille normale, dans l’une de leur base militaire, où cent cinquante officiers de leurs forces spéciales avaient passé des semaines entières à entraîner et perfectionner des assauts.  De plus, les autorités étaient capables de communiquer de façon clandestine avec quelques otages, et quand le «Jour» arriva, on leur a dit de se préparer pour un assaut à 15h20 et d’aller en haut sans que les terroristes soupçonnent quoique ce soit, et en plus à l’abri pour se protéger. Le MRTA avait pris l’habitude de se réunir dans la salle-à-manger principale un peu après 15h00 pour jouer au baby-foot. Les commandos furent exploser tout simplement la salle-à-manger à 13h20 à partir d’un tunnel au-dessous, en tuant ou en rendant infirmes possiblement la moitié des terroristes. Des commandos attaquèrent simultanément la porte d’entrée principale, émergèrent des tunnels foudroyant les murs extérieurs ou bien atterrirent en hélicoptère sur le toit. Aussi, quand le moment crucial fut arrivé, plusieurs parmi les jeunes terroristes n’eurent plus le courage de tuer personne car ils les connaissaient déjà bien et souvent ils les admirèrent. Fujimori  prit l’assaut comme une grande victoire dépassant la terreur, et sa popularité grandit démésurément.tout de suite après.

dimanche 11 décembre 2011

Terrorisme pour les débutants


Les terroristes en entrainement


Au cours des discussions entre les terroristes et le gouvernement péruvien, le MRTA a exprimé plusieurs fois sa préoccupation au sujet du sort de leurs camarades prisonniers – peu après la prise de la résidence japonaise, tout les droits de visite pour les terroristes en prison ont été supendus par le gouvernement, aussi tous les autres privilèges limités, que les prisonniers jouissaient dans ces institutions austères, étaient restreints. Les garants décidèrent de partir d’un  sous-commité (J’ai été choisi comme victime pour diriger le groupe) pour visiter les diverses prisons où des members du MRTA étaient détenus. Nous étions un petit groupe composé de moi-même, un diplomate japonais, une religieuse espagnole, un médecin japonais, un médecin péruvien, et un autre diplomate canadien. Nous devions visiter six prisons, et faire le rapport aux garants sur les conditions dans les prisons, y compris le respect aux droits de la personne, ainsi que la santé et le bien-être des prisonniers.

Nous avons bien commencé – plus ou moins – dans un minibus loué par l’Ambassade japonaise de «Mickey Mouse Tours», qui avait même l’image de la souris avec un grand sourire, sur le côté. La visite à l’une  des prisons des plus renommées  à Lima, appelée Lurigancho, fut fort intéressante. Ce fut la prison la plus importante vers la fin des années 1980 lorsqu’il y eut une révolte interne et l’armée dut intervenir et tua des centaines de prisionniers, surtout des terroristes. Il y avait quatre pavillons importants, deux où se trouvaient les criminels endurcis et où les surveillants n’allaient jamais. Et les autres deux, où les terroristes condamnés étaient détenus. Nous avons eu un accès facile aux prisonniers, nous avons goûté leur nourriture, et avons été plutôt surpris que le moral des prisonniers était présent dans un régime si sévère. Nous avons emergé de la prison, les médias (principalement japonais) nous ont entourés et harcelés pire que les prisonniers à l’intérieur de la prison. L’intrépide bus de Micky Mouse avait de la difficulté pour surpasser les véhicules de la presse et les motocyclettes en quittant les lieux. Nous sommes arrivés à l’ambassade pour écrire notre rapport avec la presse derrière nous en train de crier même une fois rendus à l’intérieur du bâtiment.

Une image de la prison de Lurigancho

Nous avons visité plusieurs institutions de sécutité moyenne, mais la partie essentielle (en réalité) était une prison à une haute altitude de 4.200 mètres près de Puno au sud du Pérou: Yanamayo. Nous sommes arrivés de Lima – presque sourds – dans un petit avion (soviétique des années 1960 l’équivalent du Hercules C-130 ) de la police nationale péruvienne Antonov 22. Dans cette prison se trouvait la plus grande partie des dirigeants du MRTA. Nous voulions être sûrs de deux choses, leur bien-être et en plus les convaincre de donner des consignes à leurs collègues dans la résidence japonaise pour être plus flexibles dans les négociations. Un des problèmes que nous envisagâmes ce fut que les dirigeants à Yanamayo avaient donné leurs instructions aux terroristes qui étaient dans la résidence japonaise, par des intermédiaires avant l’agression. Bien que les prisonniers étaient, en théorie, incommunicado dans les prisons de haute-altitude, ils étaient en communication avec le monde extérieur – nous supposâmes que c’était grâce à la corruption que les gardiens pouvaient transmettre les messages.

Les premières impressions de Yanamayo étaient effayante. Sur le versant d’une colline exposée au vent, la prison était un énorme block en bêton à quatre étages sans fenêtres, avec quelques dépendances. Le complexe était entouré de deux clôtures en chaine avec du fil barbelet sur la partie supérieure, des soldats armés à tous les cinquante mètres entre les deux clôtures extérieures – vraisemblablement pour dissuader toute agression de l’extérieur. Des signes indiquaient qu’en dehors de ce fil il y avait des mines antperson-nelles. Nous pouvions entendre des cris provenant de l’intérieur, des slogans et des chants scandés de mantras patriotiques. Les surveillants ne voulaient pas qu’on quitte, craignant une émeute, mais nous avons insisté. Avec un peu d’inquiétude nous sommes rentrés dans un bloc de cellules. Il y avaient des cellules des quatre côtés, avec des barreaux qui croissaient la partie de devant des cellules.  Aussitôt, les membres du MRTA nous ont aperçu, ils commencèrent à pousser des cris en battant sur les barreaux de protection – pour une certaine et étrange raison les prisonniers du Sentier lumineux étaient calmes, et se sont addresses à nous d’une façon décontractée. Les MRTA avaient l’air à moitié fous, y compris un qui était Chilien dont j’ai reconnu sa photo. J’étais vraiment content qu’il y avait des barreaux bien solides entre eux et nous. Je me souviens très bien qu’il faisait très froid. Il était intense et arrivait jusqu’à la moëlle. J’ai serré la main de plusieurs prisonniers, leurs mains étaient bleues et semblaient ne pas avoir trop de sensibilité. Il y avait quatre prisonniers dans chaque cellule (environ 3 m par 3 m), ils devaient dormir sur des étagères en bêton munies de minces matelas de mousse. Ils avaient le droit à faire de l’exercice 30 minutes par jour – mais ce «privilège» fut annulé, ainsi que les visites et les colis qui leur étaient envoyés de chez eux. Ce fut difficile pour moi de croire qu’ils pouvaient maintenir leur militantisme une année après l’autre dans de telles conditions, mais ils y avaient réussi.

La prison de Yanamayo, Pérou


Plus tard nous nous sommes réunis dans une petite salle de conférences avec les dirigeants, ils étaient calmes, décontractés, mais controversés sans aboutir à rien. Ça nous a absolument rien rapporté de les convaincre d’avoir un peu de flexibilité dans leur position de négociations – après tout, pour eux, tout le but de la prise en otages de personnalités de haut niveau était de gagner leur propre libération de la prison. Rien d’autre qui comptait. Plus tard, nous avons visité l’hôpital, je me suis assis sur un lit avec un guerrilla du Sentier lumineux qui était paralysé de la taille jusqu’aux pieds. Il admit qu’il s’était fait mal lui même lorsqu’il préparait une bombe. Il m’a dit qu’il avait juste eu un peu de rééducation dan la prison, mais qu’il pensait qu’il avait été mieux traité que n’importe quel péruvien pauvre sans accès à l’assistance médicale. Le Sentier lumineux m’a semblé beaucoup plus raisonnable que le MRTA. Nous avons aussi été dans la cuisine où nous avons goûté le bouillon d’alpaca (principalement des os de cuisses, mais malgré tout copieux et savoureux). Nous sommes rentrés à Lima tard à la fin de la journée avec de terribles maux de tête dû au changement d’altitude (Lima est seulement quelques mètres au-dessus du niveau de la mer.

Notre dernier rapport a servi à rassurer les terroristes dans la résidence japonaise que leurs collègues n’étaient pas maltraités, et peut-être à contribuer à établir un meilleur rapport entre les terroristes et les garants. Sur un plan personnel, tous ceux dont nous faisions partie du sous-groupe sommes devenus de bons amis, et j’ai appris à apprécier en particulier l’éthique de travail, le professionnalisme, et la bonne humeur de mon collègue du service diplomatique japonais, Kenji Hirata. J’ai aussi appris que le dirigeant du MRTA, même après des années en prison et avec peu de possibilité d’être libéré, était resté militant, dévoué à leur cause et avec les esprits ininterrompus – un ennemi redoutable.

dimanche 4 décembre 2011

Qu’est-ce qu’un garant?


L’ambassade a continué de surveiller la crise des otages, qui a eu une énorme attention et on a dû mettre beaucoup de énergie aussi dans la politique péruvienne, mais il n’y avait aucune preuve que les négociations avaient commencé. Puis, au début du mois de janvier, l’ambassadeur  a été demandé de servir à titre personnel comme garant d’un groupe. Avec le consentement et le soutien d’Ottawa, il a accepté le rôle. Comme le ministre des affaires étrangères par interim nous a expliqué, le groupe comprenait le Japon (représentant l’Asie), la cité du Vatican (représentant l’Europe), le Canada (représentant les Amériques), et le Comité de la Croix-Rouge internationale (fournissant de la nourriture, de l’eau et des articles essentiels pour les otages sur une base quotidienne). Le représentant du Japon a choisi d’être un observateur étant donné le grand nombre d’otages japonais, et le représentant du CCRI a décidé de continuer à consacrer ses efforts entièrement aux soins et à la alimentation des otages. Les garants ont été efficacement limités à Tony Vincent et l’archevèque de Ayacucho, Monseigneur Juan Luis Cipriani (représentant le Vatican), bien que le représentant du Japon Terusuke Terada (Ambassadeur du Japon au Mexique) fournit beaucoup de sages conseils.

De droite à gaucge: Tony Vincent, Monsignor Cipriani, Domingo Palermo, Michel Minnig and Terusuke Terada 

Le mandat du groupe de garants, comme initialement prévu par le gouvernement péruvien, fut d’être présent lorsque les terroristes déposaient leurs armes, libéraient les otages et quittaient la résidence pour un lieu de refuge. Ils ne devaient pas être présents pendant les négociations. Les garants ont soutenu avec succès, qu’ils pouvaient garantir la mise en oeuvre d’un accord, s’ils ne furent pas partie des négociations. Le gouvernement péruvien à contrecoeur convenu de ce point de vue, et les garants ont découvert à leur première réunion, entre le gouvernement et les terroristes, que les négociations n’avaient pas encore commencé, et que les terroristes devenaient de plus en plus excités au sujet de la mauvaise volonté du gouvernement pour discuter de leurs revendications.

Afin de relancer les négociations, les garants commencèrent à présenter leurs idées et  stimulèrent les discussions afin de préciser les positions et construire au moins une petite mesure de confiance. Le rôle du garant est devenu celui d’un facilitateur au lieu d’un observateur passif, et finalement un médiateur. Dans le cadre de ce processus, j’ai dû former un sous-groupe pour visiter les commandants du MRTA incarcérés à haute-altitude,des prisons de sécurité maximale – effrayant, mais celà est une autre histoire.

Pour faire une légère digression, à un certain point dans leur carrière, les diplomates reçoivent une formation en «compétences de négociation». J’avais suivi ce cours plusieurs années avant, alors j’ai décidé de chercher le matériel du cours et mes notes pour voir si je trouvais de l’inspiration. Ce fut un exercice déprimant, dans cette occasion, aucun des critères de succès de négociations étaient présents: Il n’y avait, entre autre, aucune volonté d’aucun côté de négocier, pas de flexibilité dans les postes, ni de confiance mutuelle, et du côté terroriste aucune compréhension claire de ce que vraiment ils voulaient. Parfois, ils exigeaient la libération de tous leurs camarades de prison, en d’autres occasions, ils demandaient de meilleurs soins pour la santé, de l’alimentation, et des privilèges pour les visites ,et d’autres fois, juste la libération de leurs principaux dirigeants. Les garants tentèrent en vain de convaincre les terroristes que la libération de leur dirigeants n’était pas un point de départ, et qu’ils devaient réduire leurs attentes.

J’avais parlé avec des experts de sauvetage d’otages d’un certain nombre de pays, y compris le nôtre, et le consensus fut qu’une agression armée à la residence japonaise serait extrêmement coûteuse en vies humaines, car l’immeuble était très grand et il y avait beaucoup de pièces, et les otages ainsi que les ravisseurs étaient répartis  dans tout le bâtiment. Un facteur essentiel a été que le MRTA pratiquait régulièrement leur routine pour répondre à une telle attaque – qui signifie essentiellement tuer autant d’otages que possible avant d’être dépassés. L’avis a été que, si la reprise pouvait être accomplie en moins de 3 minutes, 50% des otages pourraient devenir victimes, 50% des otages restants seraient morts dans les 3 minutes, et ainsi de suite. Si l’opération durait plus de 12 minutes, il était probables que tous les otages seraient morts ou blessés.

La police péruvienne provoque les térroristes

Les garants estimèrent que le seul résultat concevable et favorable était de négocier une stratégie de sortie. Tous les efforts furent mis en pratique pour assurer une telle conclusion, mais au fur et à mesure que les mois passaient, il y avait très peu de progrès. Les réunions entre le gouvernement et les terroristes furent rares et pro forma sans accomplir grand chose. Comme conséquence, les garants passaient plus de temps dans la résidence japonaise en train d’essayer que les terroristes les écoutent et demandant aux otages de rester calmes et de ne pas provoquer leurs ravisseurs. À cet égard, les garants ont eu plus de succès. Le moral y était là parmi les otages, il y eut quelques cas d’affrontement entre les otages et les terroristes, et une forme de syndrome de Stockholm inversé apparut – plusieurs des jeunes (de 15 et 16 ans) et les terroristes les plus impressionables étaient impressionés par la présence des ministres, des généraux et des ambassadeurs et les voyaient comme un exemple.

Dans l’intervale, l’armée péruvienne était en train de creuser des tunnels sous la résidence…